Quels sont les cépages cultivés par les vignerons bio en Bretagne ?
Les cépages résistants dits “hybrides” : paysans, pionniers et biologiques
Dans la renaissance viticole bretonne, les cépages hybrides jouent un rôle majeur. Ces variétés sont issues de croisements, souvent entre Vitis vinifera (le raisin européen classique, base des grands vins) et d’autres espèces comme Vitis riparia ou Vitis labrusca, réputées pour leur résistance naturelle aux maladies.
- Le Solaris : incontournable dans le Finistère et le Morbihan, ce cépage blanc d’origine allemande est extrêmement résistant au mildiou et propose des vins aromatiques évoquant le fruit blanc, l’ananas, les agrumes et parfois des accents exotiques.
- Le Muscaris : proche cousin du Solaris, lui aussi venu d’Allemagne, il apporte des notes muscatées et florales, avec davantage de finesse en bouche. Parfait pour des blancs secs, légers et très digestes.
- Souvignier Gris : apprécié pour la fraîcheur de son expression et sa résistance, il donne des vins à la robe pâle, aux arômes de fruits à chair blanche et une acidité cristalline bienvenue.
- Cabernet Cortis : en rouge, cet hybride séduit par son potentiel à résister aux étés frais et aux maladies, tout en créant des vins ronds et structurés, avec des notes de fruits noirs, parfois de poivre blanc.
- Cabernet Jura : présent chez quelques vignerons pionniers, il a l’avantage de supporter la fraîcheur et d’offrir des vins gourmands, assez légers, parfaitement adaptés à la légèreté recherchée dans le climat breton.
À ce jour, la plupart des vignerons bio de Bretagne travaillent en majorité ces hybrides dits “piwis” (du terme allemand “Pilzwiderstandsfähige Reben”, c’est-à-dire résistants aux champignons), car ils réduisent nettement le nombre de traitements, parfois limités à 2 passages/an de cuivre contre le mildiou (au lieu de 10-15 en conventionnel).
Source : Observatoire des Cépages Résistants / Union des Vignerons Piwis France
Les cépages traditionnels : un retour timide, mais symbolique
Certains vignerons bio testent aussi les classiques cépages bretons d’autrefois, même si la législation complique leur usage à grande échelle (la Bretagne n’a pas d’AOC ou d’IGP concernant le vin). Quelles variétés retrouver ?
- Le Chenin Blanc : connu dans la Loire, il trouve en Bretagne des terrains propices et donne des blancs acidulés, parfaits pour magnifier les huîtres et fruits de mer.
- Le Folle Blanche : déjà présente dans le pays nantais, on la retrouve parfois dans des essais confidentiels pour des blancs vifs, nerveux, idéaux sur l’iode.
- Le Pinot Noir : en petites surfaces, pour des rouges très clairs et peu tanniques, tout en fraîcheur.
- Le Gamay : plus rarement, il est tenté par certains passionnés d’expérimentation, donnant des rouges friands mais d’évolution rapide.
Il s’agit souvent de micro-parcelles, expérimentales ou à but pédagogique, car la Bretagne n’étant pas officiellement une région viticole, l’encépagement “classique” est encore peu développé hors circuits amateurs/associatifs.
Source : Les Vignes d’Armorique, Association du Vin Breton
Cépages locaux, oubliés … ou inventés ?
En Bretagne, l’aventure viticole bio voit également naître de nouveaux croisements réalisés localement, et une enquête patiente sur les cépages oubliés du terroir :
- À Belle-Île ou dans les Côtes-d’Armor, certains plants retrouvés sur de vieilles parcelles (Noah, Othello, Clinton…) servent de base à des expérimentations, mais n’ont pour l’instant qu’un rôle patrimonial.
- La recherche universitaire (Université de Rennes 1, projet “Renaissance Viticole Bretonne”) accompagne la création de cépages “bretons” hybrides : sélection sur la résistance, l’adaptation au sol, la capacité à exprimer une identité régionale.
Les premières vinifications issues de ces sélections sont encore rares, mais prometteuses pour l’avenir.