Les stratégies de désherbage bio appliquées en Bretagne
1. Le désherbage mécanique : l’allié traditionnel
Sans surprise, c’est le désherbage mécanique qui est le plus répandu chez les vignerons bio. Différents outils permettent de travailler le sol, soit en le retournant, soit en griffant légèrement la surface pour empêcher les adventices de prospérer :
- La herse étrille : Parfaite pour désherber les petites adventices tout en respectant les jeunes vignes qui s’installent.
- La charrue interceps : Un outil léger et précis qui permet de "ligner" les allées et de nettoyer au plus près des pieds de vigne sans les abîmer.
- Les bineuses : Idéales pour gratter la surface du sol et conserver une structure aérée, essentielle pour la vie microbienne.
En Bretagne, où le climat est souvent humide et où les sols peuvent être lourds selon les secteurs, ces outils demandent une utilisation réfléchie. Les vignerons doivent jongler avec les périodes de pluie pour éviter de tasser ou de "scalper" les sols.
2. La végétalisation maîtrisée : un tapis vivant sous la vigne
Plus qu’une alternative, c’est presque une philosophie dans les vignobles bio. Plutôt que de chercher à éliminer systématiquement les adventices, certains vignerons choisissent de semer des végétaux entre les rangs. On parle alors d’enherbement maîtrisé.
En Bretagne, cette méthode a plusieurs avantages :
- Limiter l’érosion : Les sols bretons peuvent parfois être fragiles, et un tapis végétal prévient leur lessivage en cas de fortes pluies.
- Favoriser la biodiversité : Trèfles, vesces, ou encore graminées attirent les insectes pollinisateurs et enrichissent les sols par leur décomposition.
- Créer une concurrence modérée : Ces plantes consomment une part des ressources disponibles, ce qui limite naturellement la vigueur excessive des vignes – un équilibre recherché pour des raisins de qualité.
Un vigneron installé près de Rennes m’a confié récemment apprécier le mélange trèfle blanc et fétuque. Non seulement il n’a plus à traiter ces adventices de manière mécanique trop fréquente, mais il économise aussi un arrosage grâce à la couverture végétale qui régule l’évaporation de l’eau.
3. Le désherbage thermique : une solution high-tech mais exigeante
Voilà une méthode qui intrigue toujours les visiteurs de vignobles bio. Le désherbage thermique consiste à chauffer les herbes folles avec un dispositif qui expulse de l’air chaud ou une flamme contrôlée. Sous l’effet de la chaleur, les cellules des plantes éclatent, ce qui les fait dépérir dans les jours qui suivent.
Si cette technique paraît séduisante sur le papier, elle présente toutefois des limites :
- Elle est très énergivore et demande une ressource en gaz ou électricité.
- Elle est moins efficace sur les plantes à racines profondes.
- En Bretagne, où l’humidité est constante, les résultats sont parfois limités.
Certains vignerons bretons, comme ceux près de Vannes, l’utilisent cependant ponctuellement, notamment sur les parcelles en pente où les outils mécaniques sont difficiles à engager.
4. Les alternatives innovantes ou expérimentales
Certains vignerons bretons cherchent aussi à repousser les limites. Parmi les pratiques en pleine expérimentation, on peut citer :
- Le paillage : Couvrir les sols avec des matériaux naturels comme la paille, les copeaux de bois ou le chanvre empêche les adventices de germer tout en maintenant l’humidité du sol.
- Les micro-organismes : Introduire certains champignons ou bactéries "alliés" dans le sol pour empêcher les adventices de s’implanter.
C’est d’ailleurs une approche qui trouve toute sa place en Bretagne grâce au potentiel de la filière chanvre bretonne ou à l’utilisation d’algues locales issues de l’industrie littorale.