Les raisons de la disparition des vignes bretonnes
Passons maintenant à la question cruciale : pourquoi ce riche passé a-t-il disparu ? Plusieurs facteurs, à la fois climatiques, économiques et politiques, peuvent expliquer cette lente érosion du patrimoine viticole breton :
1. Les fluctuations climatiques
Si l’on considère l’histoire du climat européen, on remarque que la période favorable au développement des vignes bretonnes correspond principalement à ce que l’on appelle l’« optimum climatique médiéval » (environ de 900 à 1300). À cette époque, les conditions étaient plus douces qu’aux siècles suivants. Cependant, la « petite ère glaciaire » (du XIVe au XIXe siècle) a drastiquement refroidi les températures et précipité l’abandon de nombreuses exploitations.
2. Une pression économique et sociale croissante
À partir du XVIIe siècle, les échanges commerciaux s’intensifient et la Bretagne se spécialise dans des produits plus rentables : les céréales, le chanvre ou encore le cidre, plus adaptés au climat et aux sols granitiques bretons. En parallèle, d’autres régions viticoles françaises (notamment Bordeaux) s’affirment sur le marché international, reléguant les vins bretons à l’arrière-plan.
3. Le phylloxéra et les maladies de la vigne
Bien que les vignes bretonnes aient connu un lent déclin avant même l’arrivée du phylloxéra, ce redoutable ravageur au XIXe siècle a achevé de compromettre les dernières cultures encore existantes. À la suite de cette épidémie, peu d'efforts ont été faits pour replanter les cépages régionaux, car la demande pour les vins bretons avait déjà considérablement chuté.
4. Des choix politiques déterminants
Dans les années qui ont suivi la Révolution française, les terres bretonnes viticoles, historiquement détenues par l’Église, sont redistribuées. Cela conduit à d’importants bouleversements dans l’usage des sols et à une forte réduction des parcelles vinicoles. Les mentalités de l’époque considéraient aussi le cidre comme le produit phare breton—moins cher, plus facile à produire et plus en phase avec les habitudes de consommation locales.